Sur les hauteurs de la ville. Tromsø, NORVÈGE
Après notre excursion (de 5h tout de même !) pour observer les baleines, nous avions réservé une autre activité avec Tromsø Safari, à savoir le traineau de rennes et la découverte de la culture Sami, qui est un peuple autochtone de Norvège, présente également en Suède, Finlande et en Russie également.
Nous partîmes donc toujours en bus, dans les hauteurs de la ville. Nous fîmes un premier arrêt pour nous vêtir d’une combinaison de ski avec de larges bottes et des moufles et nous repartîmes. A 19h, nos petits manteaux n’auraient pas suffi à braver le froid et nos chaussures auraient eu du mal à supporter la grosse neige qu’il y avait dans le coin. D’ailleurs, le bus nous arrêta en haut d’une petite colline enneigée, heureusement qu’on nous avait prêté des bottes, enfin c’était compris dans le prix de l’excursion : 1450 NOK par personne, soit 150€ qui comprend la balade en traineau, la découverte du peuple Sami avec dégustation d’un de leurs plats : une sorte de rennes bourguignon ma foi pas mauvais !
Nous étions une quinzaine pour cette balade. En haut de la colline, nous rencontrâmes un sympathique monsieur du peuple Sami, habillé en tenue traditionnelle (similaire aux Inuits). Il nous parla des rennes et de la balade qui nous attendait.
Nous nous séparâmes en deux groupes, l’un pour la balade en rennes, et l’autre pour rester dans la tente traditionnelle (appelée « lavvo »), car les rennes et les traineaux en bois (recouverte d’une peau de rennes super douce) n’étaient pas assez nombreux pour qu’on fasse tous la balade ensemble.
Nous étions deux par traineau et on nous confia le mâle le plus agité pour nous tirer, celui-ci voulut d’ailleurs commencer la balade plus tôt que prévu et rentra dans le traineau de devant, ce qui excita les autres mâles. Les rennes sont attachés sur le côté d’un traineau, soit à droite, soit à gauche, et ont également une autre corde accrochée au traineau de devant. Il y avait en tout 4 traineaux et 4 rennes pour cette première balade dans la nuit.
Après cette balade en traineau, nous discutâmes dans la tente avec le sympathique monsieur Sami. Il nous raconta alors son enfance, parla de ses parents, de sa vie et de l’évolution de la culture sami au sein de la culture norvégienne. Comme toute minorité malheureusement, les Sami ont eu du mal à se faire une place en Norvège. Il nous raconta l’enfance de son père et les brimades auquel il eu le droit à l’école. La plupart de ses camarades se moquait de lui car il parlait mieux sa langue que la langue de son pays. Il nous dit que son père, à cause de ses moqueries, ne resta pas longtemps à l’école.
Dans leur culture, le chant Sami, appelé « joik » tient une place très importante et cela leur causa bien du tord et failli mettre fin à leur peuple. Le « joik » est un chant identitaire, propre à chaque sami et transmis en général du père à son fils. Nous rencontrâmes un jeune sami et sa femme qui nous dit que si quelqu’un écoute son « joik » et ne le connaît pas, il ne va pas le comprendre car il décrit la personne, ce qu’elle est. En général d’ailleurs, il chante son « joik » seul, à l’écart. Ce jeune sami nous dit qu’il n’a jamais entendu son père chanter son « joik ».
Beaucoup de Norvégiens et des pays environnants dont ils sont issus, pensèrent pendant longtemps que ce chant venait du diable, et beaucoup de samis et leurs instruments avec furent brûlés à cause de cela. Ils durent cachés pendant des siècles leur propre culture et identité. Ce n’est que vers la deuxième partie du 20ème siècle que le chant sami fut apprécié et mis en avant par de nombreux défenseurs de leur culture. En 2014, Jon Henrik Fjallgren, qui fut adopté par une famille sami, se présenta à « Sweden Got Talent », édition dont il sorti vainqueur : une belle victoire et belle mise en avant de cette culture.
Dans tout pays, la culture et les langues régionales sont importantes. Aujourd’hui malheureusement, de moins en moins de personnes connaît sa culture régionale ou en a une car elle a été mis de côté. Moi-même breton d’origine, je ne connais que quelques mots de bretons. Ma mère qui est bretonne ne parle pas le breton, mais par contre, ma grand-mère le parlait et j’ai pu l’écouter de nombreuses fois le dimanche discuter avec sa voisine uniquement en breizhoneg.
Malheureusement, ma grand-mère n’est plus et la culture bretonne, bien que forte, finit par disparaître. Combien aujourd’hui y a t’il d’école diwan (le nom des écoles bretonnes), combien de personnes parlent le breton ou bien le chantent.
Heureusement, nous avons internet, et grâce aux réseaux sociaux, nous pouvons écouter aujourd’hui les chants de tous les pays, et je finis ce récit sami par une de belles chansons « joik » de Jon Henrik Fjallgren.